Il s’agit d’objets utilitaires de cuisson en basalte dont une vingtaine ont été recensés, d’autres existent encore dans la ville chez des particuliers. Chacun a été taillé dans un bloc parallélépipédique, plus rarement cylindrique, de pierre d’Agde.
On les reconnaît à une cavité creusée en forme de trémie ou de cône tronqué et inversé qui servait de foyer, au fond duquel part un conduit incliné qui débouche sur une des faces par une ouverture destinée à l’entrée de l’air de la combustion et à l’évacuation des cendres.
Le couronnement présente souvent des échancrures ou des bossages destinés à porter le récipient que l’on mettait à cuire et à laisser sortir les gaz du foyer. La structure alvéolaire du basalte agathois lui permet de bien résister au feu, peu de traces de combustion sont visibles à la surface de la pierre.
Fourneaux de bateaux ou potagers de cheminées ?
La fonction de fourneau de ces objets est évidente : l’un d’entre eux présente même des encoches pour le logement des barreaux d’une grille. Reste le lieu de leur emploi. Ils ont longtemps été appelés « fourneaux de bateaux ». Le volume du foyer élimine leur emploi sur des gros navires. S’ils ont été employés sur des petites embarcations, ils ne semblent pas l’avoir été exclusivement : d’une part certains sont trop instables, d’autres part les fourneaux cassés ont été tous retrouvés à la campagne, loin de la côte. Et l’on sait, pour expliquer la découverte de certains d’entre eux en mer, qu’ils ont été employés comme corps mort pour les barques jusqu’à une période très récente.
L’exiguïté de leurs foyers semble indiquer l’emploi de braises obtenues ailleurs.
Le terme de « potagers » semble donc mieux leur convenir (« sorte de fourneau de cuisine où l’on dresse des potages » le Vocabulaire français).
La façade de ce fourneau a été sculptée d’une porte en plein cintre encadrée par des grosses pastilles en relief. La partie supérieure est occupée par une frise denticulée surmontée d’une gorge courant sur les quatre côtés (Musée Agathois Jules Baudou).
Période d’utilisation
Un seul d’entre eux porte une date : 1813. Ils ont probablement été utilisés tout au long du XIXe siècle et au début du XXe siècle ; mais on peut faire remonter leur apparition plus loin dans le temps, sans plus de précisions. Ils ont été remplacés progressivement dans la seconde partie du XIXe siècle par des potagers en fonte, certains fixes et d’autres munis de pieds.
Fig.6. Potager en fonte à 4 pieds et anses de préhension destiné à être posé sur l’une des tablettes d’une cheminée. Photo ©Michel Adgé, conservé dans les réserves de l’association Escolo daï Sarret-Agde).
A partir d’un schéma de base relativement semblable, les tailleurs de pierre qui ont façonné ces fourneaux ont souvent suivi leur imagination pour en faire des objets originaux, atteignant, suivant leur habileté, à une imitation esthétique d’une architecture, même pour les plus simples.
Texte et photos Michel Adgé