D’une architecture mixte à une architecture de pierre
Durant l’âge du Fer domine une architecture mixte. Le basalte est utilisé dans la construction pour réaliser des solins, des murs, mais aussi dans la confection des sols.
Ce matériau semble plus ou moins utilisé selon la destination du bâtiment : architecture civile ou publique.
Pour cette période, les fouilles réalisées sur le territoire montrent une utilisation du basalte dans l’habitat pour réaliser des solins de pierre. Cette base de mur sert à isoler les matériaux plus fragiles utilisés pour l’élévation comme par exemple les briques de terre crue (fig.1).
Les pierres utilisées pour réaliser ces solins sont sélectionnées et parfois dressées sur une face. Ainsi sont réalisés deux parements délimitant le mur de manière rectiligne.
L’architecture publique, quant à elle, utilise largement la pierre. Elle est équarrie et peut être liée à la chaux.
Les sols peuvent aussi être réalisés en basalte avec un liant constitué de chaux. Ce procédé augmente la résistance des sols.
On sait cependant qu’au Ier siècle av. n. ère Vitruve préconise de construire des bâtiments publics solides (Vitruve, De architectura, livre I).
En ce qui concerne la phase antique, la pierre est de plus en plus utilisée dans la construction. Les habitations sont construites en pierre sèche (sans liant) comme c’est le cas à la villa d’Embonne au Cap d’Agde. Les pierres sont alors dressées sur une face. Elles forment deux parements avec un remplissage central fait de petits blocs de basalte informes.
Un matériau de plus en plus prisé
Durant le Moyen-Âge classique, on retrouve les techniques utilisées durant la Protohistoire et l’Antiquité. Dans l’architecture civile, la technique du solin de pierre est toujours utilisée. Ainsi Astrid Huser (Inrap) a pu mettre en évidence au 22 rue Terrisse à Agde une maison datée du XIVe siècle édifiée selon ce principe (solins en basalte surmontés de murs en terre crue). Dès cette période, le basalte prend de plus en plus de place dans la construction. On voit alors des édifices entiers construits avec ce matériau, certains en sont pourvus jusqu’à la toiture comme par exemple la cathédrale d’Agde.
La technique antique des constructions de murs se retrouve pour les remparts médiévaux. Les remparts d’Agde possèdent deux parements comportant des pierres dressées sur une face, le reste des moellons n’est pas taillé. Le remplissage est réalisé en pierres de blocage, toujours en basalte.
De plus, on constate deux formes d’utilisation du basalte dans l’architecture médiévale et moderne : massive ou partielle.
Massive, sur les églises du XIIe s. : au sud du territoire les églises d’Agde, de Vias (fig.2 et 3), et de Portiragnes sont édifiées avec ce matériau, pour certaines jusqu’à la toiture. La proximité et la prédominance de la coulée basaltique est à l’origine de ce choix. Cette utilisation massive va perdurer, Agde, perle noire, privilégiera ce matériau. Au XVIe et XVIIe siècles les bâtiments de la ville sont essentiellement construits et décorés (encadrements de portes, escaliers) à l’aide de ce matériau.
Partielle, au nord du territoire autour de la coulée du volcan des Baumes ou du Mont Ramus ; le basalte y est utilisé de manière éparse dans les constructions. Si l’on regarde la carte géologique, on constate la forte présence de calcaire dans cette partie du territoire. Cette pierre, plus facile à tailler, a été privilégiée. Le château de Nizas présente une architecture mixte (fig. 4). Il a été édifié en calcaire et basalte et se trouve pourvu d’encadrements en calcaire.
C’est aussi le cas dans les habitations de cette commune. On constate que les moellons employés ne sont pas taillés. Ils sont peut-être en réemploi.
C’est durant cette période tardive que l’exploitation des carrières se transforme. En effet, on exploite le basalte de manière plus extensive, on cherche la matière compacte dans la coulée basaltique. La pierre est soit récupérée à l’état de moellon brut, soit taillée de manière totale ou partielle. Nelly Pousthomis-Dalle, dans son article sur la pierre dans la construction mentionne que la pierre taillée a un coût élevé. Il semble que ce coût influence donc le choix d’utiliser des pierres équarries ou pas.
Le basalte est donc un matériau largement utilisé sur notre territoire et ce dès la Protohistoire. Il est évident que le déterminisme géographique est à l’origine du choix du matériau utilisé. Ainsi, s’il est utilisé de manière intensive dans le sud du territoire, il l’est plutôt de manière partielle dans le nord. Malgré ce, il est omniprésent et fait la particularité de ce territoire.
Auteur : Céline Gomez-Pardies
Sources :
Nelly Pousthomis- Dalle. Essai sur la pierre dans la construction des demeures méridionales au Moyen Âge. Les maisons médiévales dans le Midi de la France, Jul 2006, Cahors, France. pp.61-84. hal-00479472
Astrid Huser, Une unité en briques crues médiévale dans la vieille cité d’Agde (XIII/XIVe siècles) 22-24 rue Terrisse, Rapport de fin d’opération, Inrap Méditerranée, mars 2010.