Touroulle au travers de la céramique Touroulle se situe au sud de la commune de Bessan. Le site se compose […]
Touroulle au travers de la céramique
Touroulle se situe au sud de la commune de Bessan. Le site se compose de deux pôles distincts : un castral (le château et ses dépendances), et un autre ecclésial (l’église).
Il a souvent fait l’objet de recherches historiques et de publications. Les textes font mention du château et de l’église en 1156. Ce village, alors situé à 1 kilomètre de Bessan, est peuplé d’environ 300 habitants. Le château fut démoli au début de la Révolution. L’église quant à elle semble abandonnée au XIVe siècle. (Recherches Francis Delmas)
C’est par la céramique que nous allons aborder les phases d’occupations du site mais aussi dans les grandes lignes les courants commerciaux qui s’en dégagent.
La céramique est un outil intéressant pour l’archéologue puisqu’elle lui permet de dater les sites archéologiques, d’obtenir des renseignements sur les modes de vie, les échanges…
Le mobilier récolté par François Barnabot et conservé à la Maison du Patrimoine de Vias est essentiellement celui du pôle castral. On décèle encore aujourd’hui les traces de ce dernier dont il reste les fondations. (photo château). Il nous donne quelques indications quant aux phases d’occupations.
On peut donc constater 9 phases de fréquentations ou d’occupations du site.
Une occupation « faible » concerne les périodes anciennes. En effet, il a pu être récolté du mobilier caractéristique de la période préhistorique (silex, hache polie et céramique non tournée) pouvant être éventuellement attribué au Néolithique. Il faut ensuite attendre la protohistoire pour voir du mobilier appartenant au IVe siècle av. J.-C. mais aussi au IIe siècle av. J.-C. Cette dernière période n’est pas une surprise car le territoire d’Agde connaît une occupation très forte à ce moment là et la campagne est alors occupée par de nombreux domaines. Les monnaies récoltées de cette période viennent de Béziers, Ampurias ou Narbonne/Nîmes.
Des prospections réalisées par l’abbé Giry mais aussi par D. Rouquette, G. Fédière ou encore Ph. Gros ont mis en exergue la présence de mobilier antique pouvant appartenir à une villa. Le mobilier étudié ici et récolté par F. Barnabot vient appuyer et augmenter le dossier de l’occupation du site à l’époque romaine. Il est possible au vu du mobilier présent que nous ayons affaire à une villa comportant une partie d’habitat et une partie agricole.
Elle est occupée jusqu’à l’Antiquité tardive, période au cours de laquelle se développe un commerce avec la côte nord-africaine et l’Espagne. Selon Christophe Pellecuer ce sont les plus grosses villae de l’Antiquité qui perdurent encore à l’Antiquité tardive. Nous pouvons alors nous demander si ce n’est pas ce schéma qui a été reproduit sur Touroulle. Il semble que cette dernière période soit importante pour le site puisque des monnaies pouvant être attribuée au IVe s. ont été récoltées.
Une villa qui prendrait corps au IIe s. av. J.-C. et serait par la suite occupée à l’Antiquité et Antiquité tardive.
Au haut Moyen-Âge, une récession semble s’opérer. La quantité de céramique recueillie sur le secteur est moins importante que pour la période suivante. En effet, la céramique la plus abondante concerne les XIIIe/XIVe siècles, période à laquelle Touroulle est un petit hameau. Si la céramique régionale est majoritaire, à ce moment-là apparaissent les premières importations italiennes. Ce commerce se développe et s’intensifie aux périodes suivantes. La céramique nous donne une fin d’occupation aux alentours du XVIIIe siècle. Pour ces phases récentes, les monnaies récoltées, en revanche, ne dépassent pas le XVIIe siècle.
Le mobilier céramique vient donc appuyer les données historiques concernant le site. Une étude plus poussée pourrait nous donner des informations sur les habitudes de consommer des habitants de Touroulle.
Céline Gomez-Pardies, sources : documentation et mobilier François Barnabot