Le site de la motte date de la fin de l’âge du Bronze. Il a été découvert par des plongeurs […]
Le site de la motte date de la fin de l’âge du Bronze. Il a été découvert par des plongeurs de l’Association IBIS (Agde) puis fouillé avec des archéologues du DRASSM, du CNRS ou des universités du sud de la France. C’est à l’embouchure de l’Hérault en bordure d’une lagune, au pied du Mont Saint Loup, que des populations de l’Âge du Bronze se sont installées. Les investigations menées dans le cadre des fouilles et celles conjointes des exceptionnelles données paléoenvironnementales collectées dans ses alentours ont en effet montrées que ce site était initialement installé en bordure d’une ancienne lagune aujourd’hui colmatée. Cet habitat montre ainsi, sur une période de plus de deux siècles, les efforts d’une petite communauté villageoise pour s’installer durablement dans un milieu humide et que l'on qualifierait aujourd'hui d'insalubre ou dangereux. Durant plusieurs générations, ces hommes y ont pratiqué l’agriculture et l’élevage ; leurs habitats pérennes devaient composer avec les aléas d’un espace concurrencé régulièrement par le comblement de la plaine due à la progression du fleuve et à la remontée du niveau marin. Ils ont pour cela mis en œuvre des systèmes de renforts de berges utilisant les techniques du génie végétal (fascines de clayonnage, implantations de pieux de saule).
Le site se caractérise ainsi par plus de 500 pieux, organisés en deux alignements, matérialisant les limites de l’installation. Ils sont associés à des vestiges de la vie quotidienne comprenant de nombreuses céramiques, des éléments d’architecture en terre ou des restes de faune consommée. Plusieurs indices montrent aussi la présence d’une activité métallurgique soutenue (moules pour la coulée du métal). Des ensembles d’objets en bronze, dont une exceptionnelle parure de plus de 330 pièces interprétée comme un costume cérémoniel individuel à connotation féminine, ont également été déposés par les habitants sur les berges du site. La fouille apporte aussi de précieuses informations, inconnues ou très rarement réunies en milieu terrestre (conservation exceptionnelle des végétaux et des insectes) et illustre la vie quotidienne des populations agathoises du Ier millénaire avant J.-C. Sur le plan culturel, le site permet d’illustrer la formation et l’évolution d’un faciès de la culture de Mailhac jusqu’au début de l’âge du fer grâce à un mobilier très abondant.
©Thibault Lachenal