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Les Carreiroux

Le gisement des Carreiroux découvert en 1963 sur la commune de Florensac, au lieu-dit Saint-Apolis, se trouve dans la basse plaine fluviale de l'Hérault, à la limite de la garrigue de Castelnau-de-Guers, sur un point occupé par l'homme depuis le Néolithique ancien jusqu'à nos jours, presque continuellement. Une excellente situation, sur le plan géologique, a facilité l'implantation d'habitats à diverses époques. Le domaine actuel de Saint-Apolis ou dit de Saint-Hippolyte-de-Méjan, succède à d'autres exploitations plus anciennes, remontant au Moyen-âge. Au sein du domaine actuel subsiste une chapelle pré-romane.

En 1963, c'est le labour profond de 2 parcelles de ce tènement qui mit au jour d'abondants vestiges de diverses époques. Le suivi des charruages et des sondages ont été réalisé par Jean Grimal et Gabriel Rodriguez.

Le mobilier archéologique exhumé des différents sondages attestent d'une longue occupation dans le temps. Ont été découverts des vestiges du Néolithique ancien et final, du Chasséen, du Néolithique final, du Bronze moyen, du Bronze final ainsi que du Gallo-romain de basse époque. Malheureusement, après le défonçage des parcelles de terre, il n'y avait plus ni stratigraphie, ni répartition certaine.

Le témoin le plus ancien correspond à un tesson représentant l'Épicardial : il s'agit d'un bord de marmite à cordons lisses verticaux avec un dépassement de la lèvre et un bourrelet interne parallèle au bord, typique de la civilisation postérieure à la céramique cardiale.

Le Néolithique moyen ou Chasséen est représenté par une faible quantité de tessons, qui néanmoins se distinguent très facilement par toutes les qualités communément attribuées à la céramique chasséenne. De même les outils en silex sont représentés par des éléments caractéristiques de cette période : une fragment de lame retouchée en silex jaune miel et un perçoir en silex beige finement retouché.

Le Néolithique final nommé à l'époque "Inconnus des Corbières", correspond au "Vérazien" bien connu maintenant. Cette civilisation possède des récipients aux formes peu esthétiques, aux décors de boutons superposés en rangées verticales réparties sur les panses ; les fonds sont généralement arrondis ; la majorité des bords sont droits quelques lèvres sont ourlées à l'extérieur, plates ou arrondies. Les outils sont typiques de la fin du néolithique, puisque façonnés sur éclats et non sur lames.

Le Chalcolithique est représenté par seulement 2 tessons aux décors campaniformes en "fermetures éclair" estampés au poinçon.

L'Age du Bronze est représenté par divers tessons ornés de cordons impressionnés au doigt. Le Bronze final est quant à lui marqué par des tessons décorés au double trait, lustrés sur la face interne et moins soigné à l'extérieur, portant des traces de lissages.

Les quelques vestiges appartenant à l'époque romaine, sont des tessons de poterie campanienne, de la sigilée probablement issue de l'atelier de La Graufesenque, des fragments de tuiles et d'amphores. Un sarcophage aurait été découvert anciennement dans le parc du domaine de Saint-Apolis.

Une sépulture a été découverte dans un sondage. Il s'agit d'une inhumation dont les restes osseux avaient été bouleversés par la charrue. Seul le fond de la tombe avait été épargné. La sépulture est contiguë à un fond de cabane probablement néolithique, au regard des tessons de poterie chasséenne recueillis.

La continuité d'occupation du gisement des Carreiroux est intéressante à constater. L'absence de fouille d'envergure et de stratigraphie conservée doit tout de même être soulignée. Les mélanges fortuits ne sont pas rares dans les ramassages de surface. Il faut donc rester prudents quant à l'interprétation des habitats.

De plus récentes fouilles ont été réalisées en 2019 dans le cadre du projet d’aménagement Aqua Domitia dans ce même secteur. Le site dit « Les Carreiroux 2 », toujours en rive gauche de l’Hérault, a livré des vestiges très dégradés compte tenu d’importants sous-solages et remembrements.

Diverses périodes ont été décelées. L’occupation la plus ancienne, datée du Néolithique finale (3000-2600 av. J.-C.) est documentée par un aménagement excavé-bâti dont la fonction reste incertaine. Des céramiques de l’âge du fer et de la période républicaine ont été identifiées mais l’intervention a été essentiellement consacrée à l’étude de deux établissements gallo-romains et un enclos palissadé.

A. Diaz & J. Grimal

En savoir plus

Le site « Les Carreiroux 2 » à Florensac, une fouille d’Hervé Pomarèdes – INRAP

Notice à venir !

En toponymie, Carreiroux est un terme languedocien qui signifie « petit chemin« .

Grimal J., Arnal J., 1966 – « Le gisement des Carreiroux de Saint-Apolis de Fontenille ». Bull. M.A.P. Monaco N°13, pp. 161-184.

 

Pauzes B., Grimal J., 1974 – « Un fond de cabane à poterie cardiale dans la plaine de l’Hérault ». Bull. Soc. Et. Sc. de Sète N°VI et VII, pp. 7-21.

 

Grimal J., 1981 – « Le néolithique ancien de la plaine de l’Hérault ». Colloque néolithique ancien, Montpellier 1981, pp. 253-259.