Le site des Jonquiès s’intègre dans l’ensemble des habitats côtiers qui se répandent le long des rivages languedociens à la fin de l’âge du Bronze.
Le gisement archéologique des Jonquiès fut révélé en 1968 lors d’un labour profond de la parcelle de Mr Baldy sur la hauteur dominant la zone lagunaire de la commune de Portiragnes. La découverte de nombreux vestiges – notamment une concentration de poteries fragmentées – fut signalée à messieurs Jean Saluste et Jean Grimal. À la vue des premiers éléments mis au jour, une fouille de sauvetage a été prescrite par la Direction des Antiquités Historiques (anciennement le Service Régional de l’Archéologie) avant la replantation de la parcelle.
La fouille
La fouille a permis de dégager une fosse ayant servi de dépotoir, par comparaison on sait que ces fosses étaient creusées en bordure des cabanes en construction pour en extraire l’argile nécessaire à la confection des parois de torchis. L’emprise de la fouille n’a pas permis de situer d’éventuels trous de poteaux et de mettre en évidence une structure d’habitat confirmée par de nombreux fragments de torchis découvert à la fouille.
Les vestiges matériels
La céramique mise au jour dans cette fosse est caractéristique, de part ses formes et ses décors, de la culture Mailhacienne, typique de la fin de l’âge du Bronze. Les tessons de poteries appartiennent tous au Mailhacien I, la série est très homogène. La vaisselle découverte est composée de plusieurs vases entiers et fragmentés, des coupes, des coupelles et différents types d’urnes.
Le décor au double trait incisé sur les vases fait avec soins est parfois rehaussé d’une coloration blanche (à base d’os brûlés finement pilés). On perçoit également des impressions et incisions diverses, larges cannelures et cordons décorés qui ornent les urnes.
On découvre aussi divers mobiliers en céramiques : des rondelles découpées dans des tessons ont pu servir de poids de filet pour la pêche à l’épervier ou bien de fusaïoles. D’autres vestiges de la vie quotidienne ont été mis au jour : manches d’outils en os et bois de cerf, fragments de meules en basalte, ainsi que des éléments de parure constitué de coquillages percés.
Les associations de céramiques et une épingle en bronze à tête enroulée assurent une datation du VIIIème siècle avant notre ère.
Des éléments attestant de cuisson sur place ont également été mis en évidence : un croissant-chenet, des tores interprétés comme des anneaux d’argile assurant la stabilité des vases sur le feu, un fragment de sole perforée ainsi que des parois de four de type Sevrier (cf en savoir plus).
Les analyses chimiques de pâte de certains vases indiquent que l’argile utilisée ne se trouve, au plus près, qu’aux environs de Narbonne. D’ailleurs, la faible fragmentation de plusieurs vases laisse penser à des occupations saisonnières liées probablement à la pêche.