Véritables témoins insoupçonnés des décors médiévaux et de l’époque Moderne, nombreux sont les plafonds peints qui sont redécouverts au gré […]
Véritables témoins insoupçonnés des décors médiévaux et de l’époque Moderne, nombreux sont les plafonds peints qui sont redécouverts au gré des travaux d’aménagements intérieurs. En Méditerranée septentrionale, la charpente du Palais épiscopal de Narbonne, datée de 1220, fait partie des plus anciens plafonds peints recensés. Sur notre territoire, ils ont été étudiés en 1968 par Jean Nougaret puis en 1977 par Jacques Peyron. Plus récemment, la RCPPM (association pour la recherche sur les charpentes et plafonds peints médiévaux) a relancé la recherche dans ce domaine.
La mise en place de ces planchers et de la décoration de leur sous-face s’échelonnent du XIIIe au XVIIe siècle. Au moyen-Âge, ils présentent le rapport au monde animal, au corps humain, aux inquiétudes du temps, aux sociabilités. On les retrouve dans les grandes demeures de l’époque, telles l’hôtel de Brignac à Montagnac, la maison dite des Consuls à Saint-Pons-de-Mauchiens ou la maison de Bertrand de Pezars à Pézenas. Le décor est peint sur de petites planchettes placées entre les solives que l’on appelle des closoirs.
De nombreuses églises, au XIIIe et XIVe siècle, ne sont pas voûtées mais simplement charpentées. Leurs structures de bois étaient richement décorées comme en témoignent les éléments conservés des charpentes des églises de Bessan et de Saint Pons-de-Mauchiens.
Au XVIe et XVIIe siècle, la construction des planchers évolue. L’espace entre les solives diminue, laissant peu de place au décor peint qui migre sur les joues de poutres. Le répertoire ornemental se renouvelle. Les décors sont inspirés de l’art de la Renaissance et de l’époque classique. Les monstres hybrides, les nombreuses armoiries et les scènes de la vie quotidienne sont remplacés par des guirlandes de fleurs, des cartouches ornés de paysages et de nombreux putti.
A la fin du XVIIe siècle, les plafonds à solives apparentes sont dissimulés sous un habillage de planches de bois, créant une surface plane. Elle est parfois peinte, comme en témoigne le plafond de l’hôtel Jordan à Agde ou celui de la chapelle de la seigneurie de Peyrat. Ce nouveau type de plafond se prête aux décors de gypserie qui vont se généraliser au XVIIIe siècle.
Denis Nepipvoda, Mission Patrimoine Pézenas Pays d'Art et d'Histoire - Office de Tourisme Cap d'Agde Méditerranée, Céline Gomez-Pardies, archéologue CAHM