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Saint-Privat

Ce dépôt a été découvert fortuitement au cours de travaux viticoles par Auguste Garcia en 1943, au lieu-dit Saint-Privat, dans la plaine alluviale du Libron, à la sortie de Vias, en bordure de la route de Béziers. 

Il comprenait à l’origine une centaine d’objets principalement en bronze (alliage de cuivre-étain, quelques-uns en alliage de cuivre-plomb). 

Dans les années 1960, les objets étaient conservés et présentés au Musée de Préhistoire des Matelles (Hérault). En 1964, des analyses métallographiques ont été faites par M. Schroeder au laboratoire de Stuttgart (Allemagne) et certains objets ont été égarés depuis, mais l’inventaire est complet (infra). Seules les haches ont été analysées. 

Les objets conservés sont actuellement présentés dans une vitrine de la salle consacrée à l’âge du Bronze du Musée des Antiquités Nationales, à Saint-Germain-en-Laye. 

Aucun habitat contemporain n’a été repéré dans la commune de Vias et cette riche cachette dans la plaine au nord de la commune fait partie de la série des dépôts dits « launaciens » (d’après le lieu-dit Launac, commune de Fabrègues, Hérault, où a été trouvé le premier), toujours découverts hors des habitats et datés entre 650 et 550 av. J.-C. 

Le sens qu’il convient d’attribuer à ces enfouissements reste incertain : cachettes d’artisans fondeurs ? intention rituelle et donc symbolique ? réserves de matière première pour le commerce ?  Découverts principalement entre le Montpelliérais et la vallée de l’Aude et le long de chemins descendant des hauteurs pyrénéennes, ils longent des routes entre l’arrière-pays (où les métaux étaient extraits et aussi collectés en tant qu’objets de récupération) et le littoral matérialisant la convergence du métal vers la côte languedocienne occidentale, où ils ont alimenté les trafics méditerranéens. En effet, des objets typiques de ces dépôts ont été trouvés en Sicile, Étrurie, Grèce.

Leur composition est toujours hétéroclite et comprend des pièces parfois plus anciennes, locales et d’origine lointaine (hallstattiennes, ligures, étrusques, italiques, ibériques), entières, mais aussi incomplètes ou mal venues, voire des résidus de fonte, ce qui témoigne de collectes effectuées à longue distance, vraisemblablement par le biais de réseaux indigènes. 

À télécharger :

En savoir plus

L’inventaire qui suit est tiré de : Guilaine et al. 2017, pp.115-116 et 129

 

« L’inventaire initial de Vias, réalisé au moment de sa découverte, fait état de 19 lingots dont 2 entiers. Quatre pièces nous sont parvenues. Il s’agit de fragments de lingots de forme plano-convexe à la surface vacuolaire. Parmi les déchets de fonte, on compte également un fragment de masselotte ». 

 

Dépôt de Vias :

  • 1 fragment de pointe de lance ;
  • 11 talons launaciens ;
  • 1 phalère ;
  • 19 lingots, dont deux plano-convexes conservés entiers ;
  • 1 jet de fonte bifide, peut-être d’une hache à ailerons ;
  • 1 hache à ailerons terminaux ; 
  • 1 hache à douille quadrangulaire et à anneau ;
  • 1 hache à anneau et à douille oblongue ;
  • 1 hache à douille quadrangulaire ; 
  • 1 hache à douille perdue depuis 1964 ;
  • 52 parures annulaires et fragment de parures annulaires qui se répartissent comme suit : 

Parures annulaires à section pleine

  • 3 parures annulaires à section semi-circulaire, petites protubérances incisées ;
  • 2 parures annulaires et 2 fragments de parures annulaires à section circulaire, décor incisé ;
  • 6 parures annulaires à section circulaire, ouvertes, jonc lisse et 3 fragments ;
  • 3 parures annulaires à section circulaire, à protubérances et 7 fragments ;
  • 1 fragment à section ovalaire, décor lisse ;
  • 1 fragment à section ovalaire, décor incisé ;
  • 5 fragments à section ovalaire, à protubérances ; 
  • 1 fragment de parure annulaire à section sub-triangulaire, décor incisé ;

Dépôt de Vias :

Parures annulaires à section creuse

  • Type 2 (semi-circulaire) : 7 fragments avec décor incisé ;
  • Type 4 (circulaire) : 8 fragments, avec décor d’incisions ;
  • Type 5 (outrepassé) : 1 fragment avec décor incisé ;
  • Type 6 (grosses protubérances) : section circulaire : 2 fragments ;
  • 1 bague en spirale, section quadrangulaire et décor de chevrons ;
  • 1 fragment de fibule serpentiforme ;
  • 1 anneau à profil aplati ;
  • 2 fragments de feuille de bronze ;
  • 1 fil de bronze sur lequel s’enfilent sept maillons intacts et un fragment d’un huitième.

La « hache à ailerons terminaux de type rectangulaire » est courante en France au Bronze final IIb et III, mais perdure probablement jusqu’à la Transition avec le premier âge du Fer. Ce type se trouve également dans des dépôts launaciens plus tardifs, comme en témoigne le lot sous-marin de Rochelongue (Agde), daté de la première moitié du VIe siècle avant notre ère.

Références bibliographiques :

Chardenoux M.-B., 1981 Haches de cuivre et de bronze et outils apparentés du sud-est et du centre-sud de la France : inventaire par départements, Centre de Documentation Sciences Humaines, Paris, C.N.R.S., 1981, 359 p.

Chardenoux M.-B., Courtois J.-Cl., 1979 – Les haches dans la France méridionale, dans Prähistorische Bronzefunde, section IX, vol. 11, Munich, 1979, 174 p., 94 pl.

Grimal J., 2001 – Vias, dans Lugand (M.), BERMOND (I.) – Agde et le bassin de Thau. Carte Archéologique de la Gaule, 34/2, Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, Ministère de la Culture, Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche, 2001, pp. 376-383.

Guilaine J., et al. 2017 – Launac et le Launacien. Dépôts de bronzes protohistoriques du sud de la Gaule. Presses Universitaires de la Méditerranée, 2017, 382 p.

Ugolini D., 2018 – “The Greeks West of the Rhône : genesis, evolution and end of a Greek area”, Journal of Greek Archaeology 3, 2018, pp. 203-243. (URL : https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-01923137).

Vallon J., 1968 – L’Hérault préhistorique et protohistorique, dans les Mémoires de la S.A.M, XIII, 1968, pp. 21-199.

Verger S., Pernet L., éd. 2013 Une Odyssée gauloise. Parures de femmes à l’origine des premiers échanges entre la Grèce et la Gaule, Catalogue de l’exposition, Paris (AMA, 4).