Les recherches sur Agde ont commencé au XVIIe s., par l'étude de quelques textes grecs et latins. La première question […]
Les recherches sur Agde ont commencé au XVIIe s., par l'étude de quelques textes grecs et latins.
La première question a été celle de son exacte localisation. Il a fallu attendre la fin des années 1930 et les observations de Raymond Aris suite à des travaux urbains pour que l'emplacement d'Agde grecque soit identifié sous la ville actuelle.
Puis, les chercheurs ont tenté d'en établir la chronologie et l'organisation. Au gré des opportunités offertes par les aménagements du centre-ville, R. Aris a effectué plusieurs sondages et de nombreuses observations ponctuelles ; André Nickels a pu étudier deux tronçons du rempart grec (Impasse Molière et Rue Roger) et fait deux sondages (ancienne propriété Bessière, Rue Perben et Square Picheire) qui ont mis au jour des éléments de l'habitat ; N. Houlès a fouillé des tombes chrétiennes à Saint-André ; Daniela Ugolini a pu fouiller sous la Place Conesa, où ont été mis au jour d'autres aménagements de l'habitat et notamment un bâtiment public construit au IVe s. av. J.-C.
Enfin, A Nickels a jeté les bases pour l'étude du cadastre de la ville et de la campagne d'époque grecque ; D. Ugolini a fait le point, dans plusieurs travaux, sur les connaissances acquises sur l'évolution d'Agde, depuis la période grecque jusqu'à la fin de l'Antiquité ; Elian Gomez a étudié les campagnes d'Agde de manière approfondie entre la fin de la Préhistoire et l'Antiquité tardive et a pu en saisir les moments forts.
On sait ainsi qu'Agde grecque a été créée vers la fin du VIe s. av. J.-C. en tant que port de la ville grecque de Béziers (Rhòde) et qu'elle s'est développée jusque vers la fin du IVe s. av. J.-C., lorsqu'elle a été abandonnée, sans doute suite à l'abandon de Béziers. Ce n'est qu’à partir du milieu du IIe s. av. J.-C. qu'elle reprend ses activités portuaires en tant que re-fondation de Marseille, développe son habitat à l'extérieur de l'enceinte et investit un vaste territoire parsemé de fermes viticoles. Puis, suite à la chute de Marseille, à la création de la colonie romaine de Béziers et à l'ouverture du port de Narbonne, Agde perd progressivement son importance, son territoire est annexé par Béziers et la ville est abandonnée. Plusieurs siècles plus tard, vers le milieu du Ve s., Agde est à nouveau investie. Le rôle qu'a eu le Christianisme dans ce renouveau (Concile de 506) a été vraisemblablement important. Les faubourgs de Saint-André et de Saint-Sever voient alors le jour. Au XIIIe siècle ces deux pôles finiront par fusionner et devenir le « bourg », la « cité » étant la partie la plus ancienne de la ville. Au XIIe siècle remparts et tours sont construits autour de la cité et du bourg, la cathédrale est fortifiée. La ville reste contenue dans les remparts jusqu'au XVIIe siècle, puis elle s’étale à l’extérieur. Le Canal du Midi apporte une voie de communication supplémentaire à la ville. Elle garde sa trame antique, mais les fossés sont comblés, les tours et une partie des remparts démantelés et la promenade devient le cœur de la ville.
Céline Gomez-Pardies, archéologue CAHM, Daniela Ugolini chargée de recherche au CNRS, UMR 7299, Centre Camille Jullian, Aix-Marseille Univ-CNRS-MC