Les cépages
Pour Pline (H.N., XIV, 70) : “il est superflu de vouloir énumérer les espèces, puisque la même vigne donne des résultats différents selon leurs lieux”.
On dénombre une grande diversité de cépages adaptés au climat. On trouve aussi de grandes variétés importées. On distingue alors les cépages cultivés pour la qualité du raisin ce sont l’eugenica ou la raetica, et ceux cultivés pour le rendement ce sont la spionia, la balisca, la biturica.
Les vins de qualité peuvent voyager, ils se conservent très bien, alors que les vins d’abondance ne voyagent pas, ils sont destinés à la consommation locale.
Commerce
Les fours à amphores
Les plus anciens fours à amphores connus sur notre territoire ont été découverts à Agde. En effet, le site de Saint Michel du Bagnas n’a pas livré moins de 4 fours (Fig. 1 et 2).
Ils sont de forme circulaire et sont constitués d’une chambre de chauffe, et d’une sole permettant de disposer les amphores pour la cuisson. Ces fours ont une grande dimension (5m de diamètre). Ils sont construits en terre crue.
Des analyses archéomagnétiques ont permis de dater la dernière cuisson du four n°2 vers 140 av. J.-C.
Ils ont permis de cuire des tuiles, des pesons, mais surtout des amphores de type italiques. Cette découverte est exceptionnelle car elle est unique en Gaule. Elle révèle une production d’amphores agathoises produites sur le modèle des amphores italiques. Ainsi le vin d’Agde était transporté au IIe siècle av. J.-C. dans ces amphores produites localement, mais imitant un type d’amphore dont le contenant avait du succès.
Les amphores.
Les amphores ont servi à transporter le vin de qualité. Elles sont bouchées à l’aide d’un opercule en liège ou en céramique. Elles sont importées et proviennent de Grèce, d’Italie, plus tardivement d’Afrique romaine.
Les vins de Grèce ou d’Italie vont être concurrencés par des vins locaux transportés dans des conteneurs produits localement. En effet, les amphores produites à Marseille sont bien connues des archéologues, elles sont largement diffusées sur le pourtour Méditerranéen. Le vin de Béziers est lui aussi exporté, pour témoignage une amphore sur laquelle est inscrite « je suis du vin vieux de Béziers ». Plus récemment des fours à amphore de type italique ont été découverts à Agde. Cette production agathoise du IIe siècle av. J.-C. avait pour ambition de concurrencer les vins italiens. Ainsi non seulement la vigne était cultivée mais le vin était transporté par voie terrestre ou par bateau vers des contrées plus lointaines, comme en témoigne le site de la Motte II à Agde (Fig.3) . A ce jour, nous avons retrouvé des traces de ces amphores en Corse, dans l’ensemble du Midi et sur les oppida de Gaule interne.
Plus tardivement, entre le Ier av. J.-C. et ler/IIIe siècle ap. J.-C., les fours mis au jour à Sallèles d’Aude ont aussi produit des amphores nommées amphores gauloises.
Les différents types de vin
Le picatum
Les dolia et amphores étaient réalisés en terre cuite et donc poreux. Afin de les rendre étanche, le potier enduisait l’intérieur des vases avec de la poix. Le vin prenait toujours un goût plus ou moins prononcé de goudron et de fumé. Ce vin était largement répandu en Narbonnaise.
Le Passum
Ce vin est obtenu à l’aide de raisin très mûrs. C’est un vin épais et sucré, apprécié dès le IIe siècle av. J.-C.
Le mulsum
Le vin miellé était connu depuis une époque très ancienne et les recettes abondaient. En général le miel fermentait avec le moût. Ce vin était servi surtout en apéritif et au dessert, à l’occasion de réception et de fêtes publiques ou privées.
Céline Gomez-Pardies archéologue CAHM
En savoir plus :
- La recette du mulsum
- De vins en découvertes : https://www.capdagde.com/a-faire/espace-de-vins-en-decouvertes
Bibliographie :
- Tchernia André, Brun Jean-Pierre, le vin romain antique, Glénat, 1999
- Brun Jean-Pierre, le vin et l’huile dans la Méditerranée antique, viticulture, oléiculture et procédés de fabrication, errance, 2003
- Olmer Fabienne (dir.), Itinéraire des vins en Gaule (IIIe-Ier siècles avant J.-C.) : confrontation de faciès, Monographie d’archéologie Méditerranéenne, 2013